Sur PC ou sur console, un jeu s'affiche au format 4/3, un format carré. Le cinéma, lui, est diffusé dans un format rectangulaire. Il est intéressant de remarquer que depuis plusieurs années, le jeu vidéo change de format d'image lors des scènes cinématiques. L'action s’interrompt, le joueur lâche les commandes, et le moteur du jeu fait apparaître des bandes noires qui font passer l'image du format carré au format rectangulaire imitant une télé 16/9C. Cette technique est aujourd'hui omniprésente. Mais si, aux débuts du jeu vidéo, le but était bel et bien de donner un aspect plus cinématographique à ces séquences, le but actuel des créateurs est différent. Leur apparition est maintenant un code qui veut dire : vous êtes au cinéma, l’interactivité disparaît, vous devenez spectateur. Le passage du format carré au format rectangulaire souligne la principale différence entre les deux médias : la passivité du spectateur contre l'(inter)activité du joueur... Reconnaissons-le, le jeu vidéo est assez déshumanisé. Quels jeux ont permis de ressentir un véritable sentiment de sympathie, de compassion pour le personnage principal ? Black & White, Shenmue sur Dreamcast, Nomad Soûl, The Longest Journey, Monkey Island IV, les vieux jeux d'aventure LucasArt, les jeux Delphine Software sur Amiga... En fait, on remonte vite très loin. Mais finalement, le jeu vidéo a-t-il vraiment un potentiel émotionnel ? Peut-on s'identifier à des pixels ? Prenons l'exemple de la bande dessinée. Non seulement les personnages ne sont que des traits de crayon, mais en plus, ils ne bougent pas et parlent dans des bulles ; Souvent comparés, généralement pour de fausses raisons, le cinéma et les jeux vidéo sont deux médias d'images et de sons. Si le jeu s'inspire régulièrement du cinéma, l'inverse commence également à se vérifier. Modeste éclaircissement.